Quand on se sent loin de sa mère, ou être malade en voyage
Ça arrive
chez soi. On tombe malade. J’ai toujours trouvé l’expression plutôt
cocasse. Tomber malade. On ne tombe pas vraiment. Mais bon, cette semaine, je suis
littéralement tombée.
Vendredi, tout
allait bien.
Après une
superbe journée sous le soleil à se poser des questions existentielles du
genre : « qu’est-ce qu’on mange ce soir? » ou « est-ce que
je prends une sieste maintenant ? », j’ai commencé à ressentir une
douleur étrange au niveau de mon estomac.
Ça bougeait et je ne suis pas enceinte (il aurait fallu un géniteur et
un acte de Dieu pour que ça arrive.) Je
me sentais comme un personnage du film Alien.
Pas cool. Je prends le temps
d’analyser ma journée. Je suis arrivée
ce matin sur l’île, j’ai mangé au lunch du poisson, sous plusieurs déclinaisons
(thon, rouget, saumon, et j’en passe, ainsi que de la pieuvre (!), sous le
regard dégoûté de mon amie Val. J’ai
pris 2 coupes de vin (seulement) pour arroser le tout, en plus de boire au moins
3 litres d’eau pour ne pas me déshydrater…
Je ne pense pas que l’alcool soit la raison de mon malaise, ni la
nourriture car le mal me prend plusieurs heures plus tard.
Je me dis
que ça va passer. Il est 17h. Je prends
une douche, mais là, je sens que je vais défaillir, comme ces personnages
féminins des romans de Jane Austin « Ciel, je sens bien que je vais
défaillir ». Bon, c’est assez
ordinaire. Je sors de la douche et je
m’étends 5 minutes. Non, ça ne va pas
aller. Durant la demie-heure qui suit,
je parle au gros téléphone blanc.
« Es-tu correcte Véro? » demande Valérie un peu paniquée dans
la chambre. « Non ».
Sans vouloir
créer de panique, il faut quand même appeler un chat un chat. Pour reprendre l’expression de Val : je
vomis ma vie. Je ne savais même pas que
j’avais mangé autant dans la dernière semaine.
Je fais de la fièvre. Pas cool. Je prends donc mon fameux Apo-Azithromycine
en renfort, mais ça accélère le processus de vidage 30 minutes plus tard. Moins en moins cool. Bon, allons voir le médecin.
C’est quand
même extraordinaire qu’il y ait un médecin résident sur l’île. Il m’ausculte quelques minutes à ma chambre
et m’invite à passer à l’infirmerie. Il
a tous les médicaments qu’on retrouve chez nous et même plus. Malgré des équipements rudimentaires, il me
fait une injection de médicaments anti-nausée et une perfusion de soluté car
l’eau sort de mon estomac plus rapidement que normale et pas du bon côté
(!).
Pendant les
2 heures qui suivent, j’en perds des bouts.
Je suis allongée dans mon lit, avec une aiguille dans un bras. On part de l’infirmerie à ma chambre,
nettement plus confortable. Le médecin
ne voit pas trop comment suspendre le soluté.
Je récupère un cintre dans la penderie « Trust me, I’m an
engineer. » Me suis-je dit, déçue de n’avoir pas mon duct tape avec
moi. Le soluté est suspendu à un cintre
à ma porte de chambre grâce à un bandage.
C’est très drôle.
Val est à
mes côtés et discute avec le médecin. Je
saisis quelques bribes de la conversation, mais j’en saurais plus le lendemain
quand je retournerai le voir pour qu’il me retire mon aiguille dans le bras.
D’origine
indienne, il a deux enfants, dont un ingénieur, qui a immigré au Canada avec sa
femme. Il pratique maintenant à Toronto. J’explique un peu ce que je fais dans la vie,
mon travail au Sri Lanka, les voyages.
Je raconte les anecdotes de maladies, comme la fois où je suis tombée
malade en Chine ou l’autre fois où j’ai été malade au Sri Lanka après avoir
mangé une salade.
Pour lui,
c’est on ne peut plus étrange ce que je fais.
« Why do you work in Sri Lanka? You have not enough engineers in Canada. Indian engineer immigrate to your country and
dream of leaving India, while you go in Sri Lanka. Don’t you have good engineering jobs in
Canada? Wouldn’t it be better to be sick
in Canada right now?” Que répondre à ça ? Oui, c'est mieux être malade à la maison qu'à l'étranger. Pour ce qui est du travail, j’aimerais
bien lui expliquer que c’est temporaire, que la compagnie canadienne pour laquelle
je travaille a des usines partout dans le monde alors c’est ce qui m’amène à
voyager, mais là, en ce moment présent, je suis malade et je me sens loin de
chez moi.
La nuit
passe sans encombre, je dors près de 12 heures d’affilée. Le lendemain, je réussis à manger des Rice Krispies, ô céréale réconfortante s’il en est une et je prends ça relax. Je croise le médecin quelques fois dans la
journée. « Today, you need to relax
ma’m » Pas de danger, je ne me sens
pas trop d’attaque pour la lutte gréco-romaine, l’apnée, la nage synchronisée, le
combat de dauphins ou le kayak de mer. Du repos est ce dont j'ai besoin et pas mal le maximum que je fais (je mange peu et je dors).
J’entends
ma mère me dire : « Ma fille, quand on tombe malade, c’est un signe
que ton corps te dit de prendre du repos ». Ça ou encore, c’est un signe que je dois me
tenir loin des produits de la mer...
« Stay away from fish ma’m », me dit le médecin plusieurs fois
le lendemain. Pas besoin de me le dire,
c’est vraiment la dernière chose que j’ai le goût de manger.
Les gens vont aux Maldives pour le rêve, pour le romantisme, pour le luxe et j'ajouterais que les soins de santé ont été efficaces.