Récit de Katahdin et North Brother...

Le contexte
Ce weekend, j’organisais une fin de semaine de randonnée au Baxter State Park, dans le Maine, afin de compléter la liste des 14 sommets de plus de 4000 pieds du Maine qu’il me restait à faire, soit Katahdin Baxter, Katahdin Hamlin et North Brother.  
N’ayant pas pris formellement de vacances cet été, j’avais le loisir de prolonger mon weekend autant que je voulais en pigeant dans ma banque de journées de vacances, ce que je fis.

De chez moi, il faut compter 6h de voiture pour se rendre au parc.  6h, c’est long, surtout sur les routes sinueuses du Maine où il n’est pas rare de croiser des dindes (!), des orignaux, des cerfs et autres animaux.  6h à porter attention à la route, c’est demandant physiquement et mentalement.
Le parc Baxter constitue une aire protégée de 209 501 acres établis en 1931 suite au don du gouverneur Percival P. Baxter, en l’honneur duquel la montagne Katahdin Baxter a été nommée.

Toutes les informations sur le parc sont disponibles en ligne au http://www.baxterstateparkauthority.com/.
Les sites de camping du parc ne comportent pas de douche, d’électricité, d’installations sanitaires autres que des bécosses…  Et il n’y a pas de réseau dans le parc.  La paix loin du monde moderne pour certains, un lieu saugrenu pour d’autres selon le point de vue (commentaire d’une proche : tu vas dans le bois pas d’eau, pas d’électricité, pas d’internet pour faire du camping au froid et tu payes pour ça?  Non mais, ça va pas?)  Chacun sa définition de vacances donc.


La randonnée
Samedi matin, 5h, notre groupe de randonneur se lève et se prépare pour la longue journée qui nous attend, soit une boucle de près de 18km pour faire Katahdin Baxter & Hamlin.
Il nous faut être à l’entrée du parc à 6h30 si on veut avoir une place de stationnement à Roaring Brook, point de départ de notre journée.  On y arrive de justesse après quelques problèmes techniques de choix de voiture (chacun croyant qu’on prenait la voiture de l’autre, ce qui créa une certaine commotion si tôt le matin, pas de café en plus).
Katahdin est la montagne la plus haute du Maine atteignant au sommet de Baxter 5270 pieds.  Les amérindiens Penobscot l’ont nommée ainsi car ce terme signifie « la meilleure montagne ».
La meilleure des montagnes lui va bien.  Elle est fort belle et sans doute la plus difficile techniquement que j’ai eu à faire avec le Knife Edge…  Mais avant le Knife Edge, nous avons emprunté le Helon Taylor trail sur plus de 5 km pour faire un premier arrêt au sommet Pamola.  De Pamola, on voit le défi que nous aurons à faire sur un peu moins de 2 km et un nœud se serre dans mon estomac.

Le Knife Edge, qui porte bien son nom, car on se sent sur la lame d’un couteau lorsque l’on est dessus, est un des sentiers les plus connus pour atteindre le sommet ; par contre, il n’est pas recommandé de le prendre lors de grands vents ou de mauvaises conditions météos puisqu’il est dangereux, voire mortel.  19 personnes ont succombées à son passage depuis 1963.  Le sentier est d’ailleurs souvent fermé pour cette raison.  Ce jour de fin août, il fait un soleil radieux, sans vent et aucune raison hors de notre contrôle n’est là pour nous empêcher le faire le Knife Edge.
Par Pamola donc, le Knife Edge est précédé de la cheminée, le « Chimney Peak », qui donne le ton par rapport à la difficulté du Knife Edge avec son mur vertical à monter et à redescendre en début de sentier.  Disons que je ne l’aurais pas fait seule…  Je n’aurais pas pu en fait sans l’aide de mes amis… Mais, with a little help from my friends, de l’orgueil et une envie démesurée de braver ma crainte des hauteurs, j’y suis arrivée.  Pendant qu’un de mes collègues de randonnée sautillait de roches en roches, je me concentrais à mettre un pied devant l’autre en ne regardant pas de chaque côté pour risquer que le vertige ne me prenne.
Après ce qui sembla un temps interminable, nous atteignons Baxter et c’est le temps de luncher de pain, fromages, pâtés, fruits séchés, chocolat sous l’œil sceptique de notre ami américain du groupe qui ne croit pas que du foie gras, ça se mange (décidemment, ils sont bizarres ces canadiens français).
Baxter est rarement découvert en raison de l’altitude et de la météo changeante dans cette partie du monde, aussi, sommes-nous extrêmement chanceux d’avoir eu droit à une vue ce jour-là.
Le sentier Abol étant fermé cet été-là en raison de glissements de terrains, la plupart des gens qui font Katahdin emprunte le chemin de Hunt trail (par Katahdin Stream) ou Chimney Pond et Cathedral ou Saddle via Roaring Brook.  Aussi, notre parcours est-il peu commun et nous croiserons très peu de randonneurs passés Baxter.
À l’intersection de Saddle et Northwest Basin trail sur le chemin de Hamlin, nous croisons une garde-forestière qui nous informe sur une disparition dans le coin de North Brother.  Un randonneur d’expérience de 78 ans y est perdu depuis le jeudi et une équipe de rangers et volontaires sont à sa recherche, ce qui explique les hélicoptères aperçues dans le coin.  On apprend que le sentier est ainsi fermé, ce qui compromet notre randonnée du lendemain.  Qu’à cela ne tienne, nous poursuivons notre randonnée qui est si bien partie.  « Le pire est fait » comme on dit, car une fois le Knife Edge derrière nous, la descente est relativement plus facile par Chimney Pond.  Le mot « relativement » est important ici.
Oui, il y a eu des roches (« J’hais les roches »), des sacres (« Calvince »), des éraflures, des moustiques, des mouches noires et surtout, un sentiment de fierté intense une fois revenus au stationnement.  


Ces 18 km nous ont pris 9h06 à faire, incluant les arrêts…  Une baignade au Togue Pond a été la bienvenue, mais surtout nécessaire (« Let’s face it, we stink »).
Après s’être renseignés sur le sentier de North Brother et ayant eu confirmation qu’il était toujours fermé, nous allons à notre site de camping à Abol dans l’espoir que la recherche du randonneur perdue se conclura positivement…


Intermède d’organisatrice
Je ne suis pas la reine de l’organisation.  En comparaison à mon ami Antoine, je suis plutôt moyenne.  Antoine est l'as de l'organisation avec sa montre GPS et ses itinéraires de sentiers calculés à la minute près...

J’avais 13 $ US sur moi ce jour-là, or, il en coûte 14 pour avoir une passe d’accès au parc pour les non-résidents du Maine, même si on a un site de camping.  
Quand on réserve un site par téléphone, on reçoit des informations de confirmation par la poste et il n’était nulle mention dudit 14$.  J’avais pris la peine de demander au moment de la réservation, mais apparemment, avoir une confirmation que ma passe « est sécurisée » ne veut pas dire que je n’ai pas à défrayer 14$ en plus des frais de camping.
Donc, après une virée en voiture de 32 km au ATM le plus près et un peu de stress à l’idée que j’ai failli à ma tâche d’organisation, nous montons le camp et faisons notre souper (des steaks et légumes en papillote) et j’échappe malencontreusement celui de Valérie par terre (à qui je dois un souper de homard ou quelque chose…).
Heureusement, l’abondance de viande et de vin a permis d’avoir une belle soirée.


Les jours suivants
Après s’être enquis au Ranger sur la piste de North Brother et avoir eu confirmation qu’elle était toujours fermée, mes amis ont décidés de repartir ce dimanche matin-là.  

J’ai donc fait The Owl dimanche et à mon retour en début d’après-midi j’avais la nouvelle des gardes-parc comme quoi le randonneur avait été retrouvé vivant et en forme près de Davis Pond. Ouf!  
C’est un grand soulagement pour tout le monde ; tous ceux que je croise en parlent.  Je ferai donc seule North Brother, South Brother et Coe le lendemain, empruntant la première le fameux sentier après plusieurs jours de fermeture… comme en témoigne la photo du cahier d'enregistrement de sentier.


La météo est incertaine ce jour-là, mais j’ai droit à un soleil franc au sommet de Coe lorsque je m’arrête pour manger, ainsi qu’après avoir terminé la journée quand je décide de me rafraîchir dans les chutes Ledge.  Elle est pas belle la vie?



Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Que faisions-nous avant le GPS?

La Traversée de Charlevoix, avec une pré-ado!

Dire que c'était ça ma vie avant....