Dire que c'était ça ma vie avant....

Début mai, je suis partie en voyage d'affaires, le premier depuis plus de 4 ans, non pas qu'en raison du COVID mais en raison d'un changement drastique de vie quand j'ai quitté un emploi où je voyageais tout le temps.

En février, il y a 4 ans, un mercredi soir plus particulièrement, alors que je me préparais à un mois de mars entre la France, l’Allemagne, les USA et le Sri Lanka, mon cerveau a tilté et c’est là que je me suis dit stop.

J’annonçais à mon employeur mon arrêt.

Je signai avec mon employeur actuel avec condition de ne pas voyager implicitement et voilà que depuis 4 ans, j’y suis.

Je suis contente d’avoir une équipe qui a une volonté de faire des audits (certains lèvent la main et c’est super) et une belle répartition des tâches en interne, or, dans le cas présent, pour un dossier particulier touchant autant qualité qu’informatique, j’ai fait le voyage et j’avais « presque » oublié certains aspects.

 

Le départ

De l’Estrie à Magog, avec la congestion routière du lundi soir, ça a pris 3h porte à porte.  J’avais prévu le coup et ce n’était pas si mal finalement.  Arrivée bien à l’avance, en salon Desjardins, j’ai pu manger et être très relax avant l’embarquement.

Le premier vol est vers la France, j’ai fait mon enregistrement la veille, j’ai ma carte d’embarquement et déjà fait tout ce qu’il faut pour voyager post-COVID.  J’ai tout ce qu’il faut, 1 bagage de cabine et un sac avec moi, mes arrangements de voyage à destination sont prêts et mon anxiété n’est pas liée au voyage mais au stress de ne pas voir ma fille pendant 10 jours, une éternité, car je n’ai pas été séparée aussi longtemps d’elle (ni aussi loin) depuis sa naissance.

Il est un peu plus de 21h quand l’avion quitte la porte et entame son roulement sur le tarmac.  L’avion arrête subitement et retourne à la porte.  Apparemment, la radio a un bug et nécessite la maintenance.

Léger stress mais ça arrive, me dis-je.

30 minutes s’écoulent, le commandant nous annonce qu’on est prêt à repartir… avant de nous dire à nouveau qu’il y a un autre enjeu à régler par maintenance et que nous serons avisés quand ils auront terminé.  Le temps continue de filer.  J’ai déjà vu près de la moitié d’un film sur le programme de divertissement en vol et j’ai hâte de partir.

À la 3e annonce de retard, je me dis : débarquez-moi, c’est un signe, je retourne à la maison.

Bon, finalement, j’ai gardé mes réflexions pour moi en me disant que ce serait mieux plus tard dans le voyage.

 

J’avais quelques jours à passer en France aux bureaux de notre société avant d’aller en Allemagne pour une visite d’une journée et en Espagne une autre journée.  L’acclimatation, le décalage et l’accoutumance aux horaires a été facile ; les journées sont longues, il faisait très beau et j’ai beaucoup marché (beaucoup, pour moi, c’est 10km/jour).  Bien que ma Fiat 500 en location était fort agréable à manier, je préfère me déplacer à pied. 

Demeurant à Magog, travaillant à Sherbrooke, ce n’est pas au quotidien que je peux me rendre au bureau à pied ni faire mes emplètes sans la voiture.  Originaire de Montréal, cet aspect de mon quotidien me manque, aussi, c’est une joie lorsque je peux le faire et je ne me suis pas privée.

 

Une fois la semaine passée, j’ai profité de mon samedi pour ne pas ouvrir mon ordinateur et me promener.  Après tout, le lendemain, je devais faire Mâcon-Lyon en voiture, Lyon-Munich en avion, Munich-ville imprononçable allemande en voiture.

C’est vraiment là que le potentiel agrément du dépaysement ordinaire prend le bord et que la fatigue embarque.  Porte à porte, après 10h dans les transports, avec masque, en essayant de m’orienter avec des indications difficiles à comprendre, j’arrive dans un hôtel où j’ai une couche simple, dans une chambre sans rideau ni air climatisée, donnant sur une rue bruyante sans connexion internet.  Je rêvais de voir ma fille en vidéo ; on oublie ça.

J’ai marché 5-6km dans la ville, je me suis couchée tôt car le lendemain, j’ai encore 45 min de voiture à faire pour me rendre à destination chez un fournisseur. 

À la fin de cette première journée de visite qui se terminera vers 17h, je retourne à Munich à l’aéroport car j’ai un vol à 8h le lendemain pour l’Espagne.  L’aéroport de Munich est dans le top-10 des meilleurs aéroports au monde.  J’avais de bons souvenirs et en plus de plusieurs restos accessibles, ils ont un supermarché et acheté un carton de lait a fait mon bonheur ce soir-là.


 

Lendemain, lever aux aurores, déjeuner rapide, vol à 8h avec contrôles aléatoires de covid pour l’entrée en Espagne (Chaque pays a des applications mobiles différentes, des règles différentes et il est préférable d’avoir prévu le tout avant de partir).  J’ai un vol de 2h à faire avec des représentants allemands qui m’accompagnent au sous fournisseur espagnol et on voyagera ensemble pour le restant de la semaine. 

Arrivés en Espagne, accueillis par une chaleur étouffante, on récupère un véhicule de location (après ce qui semble être une éternité) et on a 4h de voiture pour arriver à destination.  Journée entière perdue en transport, comme le dimanche et on est maintenant mardi.  On arrive à 18h et bien qu’ayant faim, c’est à 21h qu’on soupe en Espagne.  On sort du resto à 23h et le lendemain, 8h, la journée reprend pour une visite prévue jusqu’à 17h et un retour à Bilbao pour le vol du lendemain (en raison des 4h de route à faire, on part le mercredi même pour revenir à Bilbao puisque le vol du retour est le matin du jeudi).

 

Jeudi, après un lever à 5h, j’ai un grand stress de rater ma connexion à Charles-De-Gaules.

Contrairement à Munich, je n’ai pas de bons souvenirs de Charles-de-Gaules et beaucoup d’expérience de connexions ratées.  J’ai donc décidé d’enregistrer mon bagage pour le retour, sachant très bien que ledit bagage ne se rendra sans doute pas, mais sachant aussi qu’ainsi plus légère, je serai en mesure de sprinter ma vie entre mes 2 vols.  Au départ, 50 min étaient prévues entre les 2 vols, mais le vol étant parti en retard de Bilbao, dans un avion minuscule, je sais déjà en embarquant dans mon premier vol que c’est loin d’être gagné.

J’ai de bonnes espadrilles, je ne porte jamais de ceinture en avion, ni bijoux, je connais par cœur maintenant les portes et le terminal. 

Arrivé sur le tarmac dans le fin fond de l’aéroport, sur un vol qui a pris 15 min de retard, je sors rapidement de l’avion et je sprinte pour dépasser les autres passagers en espérant que j’y arriverai.  J’embarque dans le bus qui nous amène au terminal 2, porte E, je dois passer la douane et courir pour me rendre à la lettre K, porte 35.  Et je cours, et je cours, extrêmement fière d’avoir décidée d’enregistrer mon bagage plutôt que de courir avec.  J’arrive dans les premiers passagers de mon vol à la douane, je continue de courir vers la porte, passant d’un escalier roulant à un autre et en entraînant au passage un autre passager visiblement perdu dont le regard me rappelle celui d’une biche effrayée devant les phares d’un véhicule.  Ce passager est un solide gaillard de plus de 6 pieds et il me suit, visiblement content d’avoir trouvé quelqu’un qui puisse l’amener à sa porte (on est à quelques portes de distance et comme une guide de montagne, je me suis assurée de l’amener à bon port).

Je poursuis mon périple et j’arrive à ma porte à l’heure de la fin de l’embarquement.

 

Pré-COVID, on aurait hurlé mon nom dans le terminal.

Post-COVID, l’embarquement n’est pas fini.  Pourquoi? Validation de codes QR, de passeports et de passeports vaccinaux ont quadruplé les temps d’embarquement.  Au Canada, on doit être les pires au niveau des exigences d’entrée.  J’ai donc finalement respiré, j’ai même eu le temps de m’acheter des macarons, une bouteille d’eau (après toute cette course, j’ai très soif), et je peux même patienter un brin.  J’ai même croisé un ami, ancien collègue d’il y a 4 ans qui prenait le même vol et on a parlé de voyages, de covid, de famille…  Je n’allais donc finalement pas rater mon vol et le reste, c’était facile.

La douane à Montréal, il faut être patient.

Mon véhicule m’attend au P5,F4, comme d’habitude (je me stationne toujours au même endroit).

Je suis sélectionnée à la loterie COVID pour un test PCR, pas grave.

On a perdu ma valise ?  Je fais patiemment ma réclamation, je repasse la douane pour la valise et encore une fois pour la sortie.

Je quitte l’aéroport tellement tard qu’il n’y a plus de congestion pour le retour et à 22h, après un souper léger, j’arrive finalement chez moi, après une journée de 23h.

 

Y’a pas à dire, cette vie là qui était mon quotidien avant, elle ne me manque pas.

À 5h le lendemain matin, ma fille se réveille, j’arrive près d’elle et les bras tendus vers moi, c’est comme ça qu’elle débutera sa journée et qu’elle ensoleillera la mienne.

 

 

 


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