À quand un through-hike ?

Après des années à parcourir les sentiers des Appalaches, j’ai finalement décidé de rejoindre l’Appalachian Mountain Club (AMC) en 2016.  J’aurais sans doute dû le faire bien plus tôt en fait car Dieu sait que j’ai passé beaucoup de temps en montagne depuis le temps, surtout depuis 2012, mais mieux vaut tard que jamais.

Aussi, je suis allée à mon premier « Annual AMC summit » près de Boston récemment ; plus de 200 personnes y étaient, toutes amatrices de montagnes comme moi et j’avais vraiment l’impression d’être à ma place.  C’est quand même rare que je mentionne que je sois peakbagger, backpacker, section-hiker et que je n’ai pas de froncements incrédules de sourcils qui suivent.  


La fin d’un chapitre 
J’ai enfin terminé les 4000 footers de Nouvelle-Angleterre.

 En 2012, en feuilletant le AMC White mountains guide, j’ai vu la liste des montagnes de plus de 4000 pieds en annexe à la fin du livre et je me suis mise en tête de compléter la liste.  Jusqu’à présent, j’avais souvent fait des randonnées d’un ou 2 jours dans les Adirondacks ou les montagnes blanches du New Hampshire, toujours à 2 ou en groupe alors c’était un grand défi pour moi de décider de les faire, d’en faire un projet personnel.  J’ai commencé par le haut de la liste, durant mes vacances, en août 2012, en me disant ; tiens, commençons par les plus hautes, ça va être le plus dur en premier.  Comme je me trompais sur ce point en terme de jugement de difficulté, mais nous y reviendrons.

Le 15, je visais faire Washington, un beau cadeau pour mes 32 ans, mais la pluie diluvienne m’a fait pencher vers un autre sommet, Hale, pas de vue, sommet de roches magnétiques faisant la liste, 50e montagne la plus hautes de Nouvelle-Angleterre...  Après tout, la montagne y sera encore demain alors Washington peut attendre.  Washington.  Un rêve.  Montagne la plus haute ici avec ses 6288 pieds, sommet qui a enregistré les pires conditions atmosphériques qui n’ont pas été répertoriées par des cyclones.
Les Amérindiens l’appelaient Agiocochook, ou « maison du Grand esprit » avant qu’il soit renommé le Mont Washington en 1784.  Je rêvais de le faire depuis longtemps, doutant mes propres capacités à y arriver.  Le plus drôle, c'est que j’ai aisément réussi l’ascension le 16 août 2012, sous un temps pluvieux, en passant par Tuckerman Ravine avec un bref arrêt au sommet, retournant par le même sentier et ce, en un peu moins de 6 heures.  J’étais bien équipée, mais j’étais seule, j’ai craint d’y arriver et j’ai réussi.   Les gens me croisant en gougoune au sommet me demandaient si ça avait bien été et je souriais ; on voit rapidement la différence entre les gens qui accèdent au sommet à pieds vs en voiture via l’Auto-road.  Forte de l’expérience, je me suis dit que je pourrais finir la liste de 48 montagnes du New Hampshire (c’était le but).


Ça aura pris près de 5 ans.  


Certains sommets, j’ai fait plusieurs fois et je vais refaire.  D’autres, je me suis dit : « Ouin, c’est vraiment parce que c’est sur la liste que je suis ici. »  J’ai frôlé la mort à Owl’s Head.  J’ai dépassé mes limites souvent.  J'ai eu des blessures et des passés-près.
Je me rappelle quelques anecdotes de sommets peu élevés mais difficiles, comme la fois où j’ai fait Isolation.  Il porte bien son nom, ce sommet de seulement 4003 pieds m’a donné du fil à retordre avec l’approche par le Glen Boulder (littéralement, le rocher Glen), où j’ai eu à porter le chien qui n’arrivait pas à grimper le pic rocheux.  
Il y a aussi le sommet Carrigain, à 4700 pieds d’altitude, auquel j’avais décidé d’allonger la randonnée en ajoutant au Signal ridge, la trail Desolation et le retour via Carrigain Notch…  Ce que je n’avais pas considéré, c’est que Desolation portait bien son nom et la mousse, ça glisse…  Alors une entorse plus loin et quelques éraflures m’ont découragé pour des semaines à remonter des sommets.
Il y a eu des tentatives non achevées, par choix ou obligation et une sagesse développée de savoir quand un sommet à atteindre, si ce n’est pas aujourd’hui, il sera encore là demain, donc vaut mieux le faire par temps favorable et revenir sain et sauf que de s’entêter à finir.  La vue est parfois la récompense même si on n'a pas atteint le sommet prévu comme lors de ma dernière tentative de Waumbek. (Je l'avais déjà fait alors, la 2e fois, c'est moins critique)
Des gens m’ont accompagnés, des amis et un chien motivé depuis 2014 m’accompagne dans presque toutes mes randonnées (Les chiens étant interdits d’accès au Baxter State Park, sinon, clairement, Jones aurait été des nôtres pour les monts Katahdin Baxter et Hamlin ainsi que North Brother…)


Les nouveaux défis
Après avoir réussi mon défi de peakbagger, ou ensacheuse de sommets malencontreusement traduit, je vise un through-hike…

Définitions de randonneurs
On parle de "day hikers" pour les randonneurs d’une journée, de section-hikers pour ceux qui font une partie de l’Appalachian Trail (AT) ou de quelconque autre randonnée de longue distance et de through-hikers pour les randonneurs qui complètent une randonnée de longue distance en une seule fois d'un bout à l'autre.

Parmi celles-ci, notons l'Appalachian Trail (AT) qui comporte 3500 km de la Géorgie au Maine, le Pacific crest trail (PCT) de 4279km entre le Mexique et le Canada et le Continental Divide Trail de 5000 km traversant les Rockys.  Ces trois randonnées de longue distance constituent le "triple crown hiking" et je n'en suis pas là, mais peut-être un jour...

Disons simplement que, entre « viser un through-hike » et le faire, c’est la préparation et l’entraînement qui prévalent.

J’ai fait plusieurs section-hike de l’Appalachian trail avec les années (et ce, des 2 côtés de la frontière car le sentier des appalaches « n’arrête pas » au sommet de Katahdin).  Gagner 50 milions à la loterie demain matin, je passerais 6 mois à faire l’Appalachian trail en entier avec Jones ; réalistiquement parlant, je n’achète pas de billets de loterie alors ça ne risque pas de se produire aussi, je vise la Long trail car je sais que je pourrais potentiellement parcourir les 439 km de sentiers durant 3 semaines de vacances l’été.  
Il s’agit de la plus ancienne longue randonnée aux USA, réalisée entre 1910 et 1930 par le Green mountain club qui part de la frontière Massachussetts-Vermont et rejoint la frontière Canadienne.

Par contre, avant de partir 3 semaines avec Jones dans le bois, la voix de la sagesse me dit encore de prévoir quelques randonnées en backpacking de 2-3 jours avant de décider de partir 2-3 semaines.  Ah, la voix de la sagesse, pourquoi je ne t’écoute jamais encore?  Mais bon, je pense que je vais le faire cette fois-ci (si ce n'était que de moi, je le ferais, mais j'ai le chien comme excuse ; après tout, comment va-t-il réagir dans le bois jour après jour à marcher sans arrêt?  C'est pas moi, c'est le chien...  Quelle mauvaise excuse)  À suivre pour les nouvelles aventures 2017 en montagne et plein de backpacking à venir.


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