Histoire de cani-course

Je pourrais dire que j’ai décidé d’avoir un chien parce que jeune, j’avais toujours voulu en avoir un.  Ce ne serait pas faux, mais pas le catalyseur de l’événement.  La vérité, c’est qu’après avoir fait nombre de montagnes aux USA, seule, et croisé des randonneurs et leur chien, j’ai commencé à y penser de plus en plus jusqu’au jour où Docteur Jones est entré dans ma vie.


Tout ce qu’il ne faut pas faire dans l’éducation d’un chien, je l’ai fait.  Tout.  
Au début, j’avais des ambitions nobles et j’imaginais mon chien obéissant, clame, bien entraîné qui écouterait quand je le commande.  Pouah!  Jones est clairement celui qui domine entre nous deux et mon échec est d’autant plus cuisant que .  Il monte sur le divan, mange des restes de table et chasse les chats du quartier malgré plusieurs efforts de ce côté-là de ma part.  Le dernier épisode en lisse a d’ailleurs laissé des séquelles nauséabondes lorsqu’il a réussi à chasser un gros chat noir avec une ligne blanche sur le dos.


J’avoue ne pas avoir compris d’emblée tout ce qu’il faut faire pour éduquer un chien, mais j’ai compris un concept de base qui était en fait fort simple, un chien fatigué est un chien pas tannant…  C’est comme pour les humains.  Une Véro fatiguée est une Véro pas tannante ; même concept.  J’ai donc commencé à marcher, à courir, à randonner, avec Jones.  À tous les jours, 365 jours par année (ou presque).  Brûler le chien est devenu un mantra et un mode de vie.

Un ami sage m’avait cependant prévenu, alors que Jones n’avait qu’une dizaine de mois : « Véro, avec tout l’exercice que tu fais, tu vas en faire un athlète » et moi, non seulement je ne voyais pas ça comme un problème, je me disais intérieurement que c’était ça l’idée.  Pire, je me rappelle un commentaire d’un autre ami me disant : « il a les yeux rouges ton chien » et je ne réalisais pas que je poussais trop mon chien à faire du sport.  Jones a toujours du gaz, me disais-je.  Ce que je ne savais pas alors c’est qu’il n’arrêtera pas à moins que je lui dise d’arrêter.  Les yeux rouges auraient dû me mettre la puce à l’oreille qu’il était fatigué, mais son énergie me disait le contraire et petit athlète devint grand.  (N’ayez crainte, ce n’est pas présage de malheur pour le chien, mais disons que j’ai eu mon lot de péripéties, de blessures et de maux de jambes)


Jones me suit partout ; jamais sans mon chien comme on dit, à part quand je suis en voyage d’affaires.
J’ai commencé la randonnée avec lui très jeune ; progressivement quand même avec de courtes distances de quelques km dès 6 mois à de plus grandes randonnées après 12.  Il a aussi commencé la cani-course.  La cani-course ou canicross, consiste à courir cani-attelé avec ton partenaire canin tirant vers l’avant.  Selon le terrain, on parle de cani-course, cani-trail ou même cani-randonnée.  C’était un sport tout désigné pour moi car ça demande peu d’équipement :
- Une ceinture de taille
- Un bungee élastique
- Un harnais
- Un chien


Jusque-là, ça va très bien ; je me suis procurée l’ensemble et quand Jones a eu 12 mois, j’ai commencé les activités cani-attelées (course et randonnée).
Tiens donc, en plus du sport, il y a des compétitions dans mon coin.  J’ai commencé à courir régulièrement avec un club et j’ai fait des courses.  
On s’entend que c’est pour participer, ou mode récréatif comme on dit dans le milieu, car je n’avais jamais couru et bien qu’étant « en forme », je ne suis pas athlète et les 95 lbs de force canine me tirant ne suffisent pas à obtenir des performances spectaculaires.  Ce n’est pas le but, le but étant, tel que susmentionné, de brûler le chien.


Pendant certaines périodes, je courais tous les jours, 5km par jour minimum.  Pour Jones, pas d’enjeu.  Pour Véro, les problèmes de ménisque, de bandelette, de dos…  Disons que je n’avais jamais consulté de chiro avant d’avoir un chien et je l’ai consulté souvent.
Avec des amies du club, en plus des séances traditionnelles, on s’entraîne de temps en temps et je suis rassurée de voir que ce n’est pas que moi qui se blesse en cani-course ; c’est devenu un running gag de qui a mal où à chaque fois qu’on se voit.  Tout le temps une blessure (humaine ou canine en fait aussi), un microbe, un virus ; la course, c’est quand même notre exutoire, l’exutoire des chiens et une occasion parfaite de jaser.

De Granby, j’ai déménagé à Magog pour me rapprocher de mon travail.  On se voit moins, mes amies et moi, mais on se voit encore, et j’ai découvert plein de nouveaux endroits pour la randonnée et la marche en semaine.  Je cours moins, mais bon, je cours encore et je me suis blessée en janvier en entraînement ; dérapage sur une plaque de glace vive et foulure de la cheville droite.  Je claudique.  De coureuse des bois (je co-rédige des suggestions de sorties avec une amie sur Facebook via une page « Le coureur des bois »), je suis devenue l’éclopée des bois.  La randonnée, ça passe encore ; après quelques semaines de convalescence, je peux à nouveau marcher, surtout en randonnée, lorsque la cheville est bien supportée par une botte.  La course par contre, et la compétition, c’est hors de question.  Surtout si je veux pouvoir faire du backpacking cet été, je dois ménager mes genoux et chevilles.
Je l’ai dit, je ne suis pas compétitive, mais j’aime les courses et ne pas courir, ça m’a donné un sacré coup de déception.  J’aime les courses Sirius sport canin ; on parle de trail dans plusieurs cas, ça me stresse toujours un peu tant par rapport à la difficulté du sentier que le niveau des compétiteurs (je suis loin derrière), mais j’aime l’ambiance.  J’aime aussi les courses fédérées ailleurs au Québec (la Fédération Québécoise des sports cani-attelés dont je suis membre depuis 2016).  J’avais mis toutes les courses Sirius et quelques autres courses FQSCA au calendrier et j’éprouvais une grande déception en janvier en me disant que la course, pour moi, ce serait récréatif seulement (trotter comme on dit) et non dans le cadre compétitif de la chose.  



Une amie, co-auteure du coureur des bois, a changé la donne en me proposant des alternatives : « tu ne peux pas courir, mais tu pourrais faire de la trottinette des neiges » (comme du traîneau à chien avec 1 ou 2 chiens selon le cas.).
Elle m’a même prêté sa trottinette pour une course découverte de 2.5km (c’était la première vraie course pour Jones bien qu’on ait essayé la trottinette avant la compétition en mars).  Quelle fusée au départ!  Aucune douleur de mon côté ; j’ai appliqué la technique de transfert de poids sur les patins lors des virages comme en ski et malgré quelques moments où Jones fatiguait (c’est sa première course et je ne suis pas poids plume à tirer, on s’entend), on a eu un podium (2e, sur 5 coureurs, c’est quand même ça).
J’étais fière de mon tout-petit ce matin.  Mes amies présentes à la course l’ont vu partir et m’ont dit : « C’est vraiment son sport ».  La fin de la course telle que je la connaissais m’apparaît moins comme un problème et je rêve en fait aux possibilités : bikejoring, trottinette des neiges, scooter ; des options alternatives, il y en a pour toutes les saisons et pour ce qui est des sentiers en Estrie, on est gâté.  Il y aura du backpack, il y aura de la randonnée, il y aura des séances de trot avec les amies et malgré ma blessure, je pourrai participer aux compétitions cette année.  Merci Eve, merci les amies et merci Jones.




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