Sri Lanka (encore), ou, ce sont les petits détails qui font tiquer.

Après une quinzaine de déplacements au Sri Lanka, je suis ce qu’on pourrait qualifier d’une habituée de la place.  Les gens me reconnaissent à l’hôtel et bien que le pays se développe à un rythme exponentiel depuis la fin de la guerre civile, j’ai des repères qui demeurent d’un voyage à l’autre.

Mes collègues de travail m’ont aussi dit que j’avais vu plus du Sri Lanka que la plupart des Sri Lankais, alors je prends ça pour du positif. 
Constat de 4 ans de voyage dans cette île au Sud de l’Inde : j’ai vu des différences importantes et l’adoption de plusieurs pratiques nord-américaines/européennes sont maintenant d’usage.

Certains aspects de ce pays en développement me font réagir.



Les lois pour les femmes
Ce fut une surprise pour moi de réaliser qu’il y a une loi au Sri Lanka qui empêche les femmes d’acheter de l’alcool.  Bien sûr, il s’agit d’une « vieille » loi des années 1950, mais elle a été abolie pour quelques jours en janvier et réinstaurée aussitôt par le Premier Ministre.  Après tout, ce ne sera pas la première fois qu’un politicien réagit dans un but de se faire réélire aux prochaines élections.   Quand même… 

L’abolition de la loi par le ministre des finances visait une égalité des sexes, mais la réaction de la communauté bouddhiste fut violente que le message encourageait à boire…  Dans ce cas, il faudrait abolir l’achat d’alcool pour tous, pas que pour les femmes ou encore, répondre par une mesure similaire à celle en Thaïlande où l’achat d’alcool est proscrit entre 14h et 17h et entre minuit et 11h le matin, ainsi que les jours de fêtes associées à Bouddha.
Quand on considère que les femmes au Sri Lanka ont été parmi les premières à pouvoir voter et que dès 1931, il y en avait 2 qui siégeaient au Parlement, sans compter que ce fut le premier pays DANS LE MONDE à élire une femme Première Ministre en 1960, on pourrait croire que le chemin parcouru sur la route de l’égalité des sexes serait bien plus avancé.  

La présence des femmes en politique est de moins de 6%, les femmes en affaires sont exclus des groupes décisionnels masculins bien qu’elles dominent en nombre le marché du travail.

Ironiquement, pour « protéger les femmes et leurs familles », on les empêche d’émigrer dans d’autres pays pour le travail, la migration étant perçue comme néfaste, alors qu’en fait, le phénomène existe pour leur permettre de gagner plus et de mieux subvenir aux besoins de leurs familles.

Encore, des décisions d’hommes prises pour le bien des femmes sans que leur voix soit écoutée.

Mes collègues de travail rigolent un peu de l’aspect de la loi sur l’alcool et je les comprends dans un sens car bien qu’en place, cette loi n’est pas appliquée ; la preuve étant que je suis clairement criminelle depuis des années là-dessus.  Cependant, j’espère que la visibilité au niveau international créera suffisamment de réactions pour faire renverser la vapeur de la réinstauration de la loi pour le Premier Ministre et un dépoussiérage de la condition féminine au Sri Lanka...  You may say I’m a dreamer, but I’m not the only one.  


Chantiers de construction
Ils pullulent à Colombo et partout dans le pays on commence à voir de plus en plus d’autoroutes ; les gratte-ciels de tours à bureaux et d’appartements montent toujours plus haut dans le ciel de la capitale.

Ce qui fait tiquer : la sécurité sur les sentiers
Les ouvriers portent fièrement des casques de construction aux couleurs voyantes, mais portent des gougounes.  Ça, c’est bien sûr quand ils portent des casques.  La valeur d’une vie humaine n’étant semble-t-il pas égale partout dans le monde à en juger par ces observations, la sécurité est très variable selon les endroits dont on parle. 

En septembre 2016, la ville de Colombo, en partenariat Public-privé avec la Chine a lancé l’initiative Techno-city.  Un projet de 1.8 Milliards de dollars qui vise la reconstruction des berges de Colombo en immense ville technologique (et luxueuse).  Ce sont les Chinois qui dirigent le chantier.  Casques, souliers, vêtements longs, équipements de protection individuel, rien n’est laissé au hasard et de grandes affiches mentionnant la tenue à porter sont visibles.  

Nous avons la même chose à l’entreprise où je travaille soit dit en passant, alors avec les influences externes, ça finira bien par devenir obligatoire.

Par contre, dès qu’on sort de la cour des grands, ça fait peur.  J’ai toujours l’impression que je suis sur le point d’assister en direct à une catastrophe.  Mon côté pessimiste sans doute.  
Quoi que…



Penser avant d’agir


Je me dis parfois qu’il doit y avoir des gens qui se disent : « Tant qu’à faire un travail bien, j’aime autant cochonner la job et faire ça tout croche. »  


Quelques exemples en rafale :

Un beau plancher de marbre dans la salle de bain, suivi d’un trou « fait main » parce que le drain a été oublié.

Des crochets de porte non alignés


Des fils à nu dans les rues.
Des clôtures de barbelé dans un passage piéton

Un passage piétonnier pour non-voyants avec des trous non accessibles.

(En fait, je dirais qu’en général, la ville de Colombo pour un piéton est à ses risques et périls.)

Des patchs, du raboudinage, de la job de jobbeur…  


Le service au restaurant
Ce n’est pas la première fois que j’en parle et j’avoue me demander si je ne suis pas carrément obsessionnelle compulsive de la nourriture, mais il est vrai que je remarque plus en voyage car je mange plus souvent seule alors j’ai le temps de m’attarder aux détails sur le service au restaurant.

Anecdote vécue
Un dimanche soir comme un autre, il fait bon, les restaurants sont bondés, tous?  Non, un restaurant plutôt bien coté est vide il semble.  Nous y allons, la table est mise, nous choisissons ce que nous allons prendre et hop! On nous avise que le permis d’alcool du restaurant a été révoqué « seulement pour ce soir ».  Pots de vin impayés?  Trouble d’approvisionnement en alcool? L’histoire ne le dit pas et ayant faim, nous mangeons (on peut bien s’en passer après-tout) ; cependant, pourquoi avoir mis des verres à vin partout aux tables?  Pourquoi nous remettre la carte des vins au moment de passer à table?

Ça me rappelle un épisode de la petite vie où Thérèse sert dans un WacDo…
Thérèse : Voulez-vous une soupe au poulet ? 
Pôpa : Ah ben oui
Thérèse : On n’a pas.

Y’a un concept dans le service : « under promise, over deliver ».  C’est simple et universel comme concept.  Un client qui n’a pas d’attente ne peut pas être déçu (soit dit en passant, ceci est un précepte de vie personnel auquel j’adhère à bien des niveaux… et pas qu’au resto).  Les menus du jour, les surprises du chef, ça a cet effet « wow » ; le mettre au menu crée l’attente et la déception immanquable si l’attente n’est pas comblée.  

Un restaurant de crabe qui n’a pas de crabe…

Un restaurant de pizza dont le four à bois est en panne…

Sans compter la quantité de fois où on commande un plat délicieux une journée et immangeable le lendemain car : pas le même chef, pas la même qualité d’aliment, pas la même chose finalement…  

Mais bon, ça fait aussi parti des surprises qui pimentent les voyages à l’étranger.  Après tout, pour de la nourriture consistante niveau qualité, rien de tel que McDo (et je n’aime pas, mais tu es pas mal sûr d’avoir à peu près la même chose partout dans le monde avec des exceptions comme les patates pilées aux Philippines ou le McRice & curry du Sri Lanka.)

Ceci dit, j’avoue que je me plains un peu ; il y a des coups de cœur :

  • L’amabilité des gens
  • Le thé noir
  • La qualité de la céramique
  • Les épices
  • Les tissus
  • Et bien sûr, après un Noël à -2000 avec le facteur vent, un peu de chaleur, je n’ai pas trop détesté.




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