Adieu fantôme

Un proverbe dit : « be careful what you wish for, you might get it. »  Si je traduis, ça signifie que si l’on souhaite quelque chose, ça risque d’arriver, mais ça sous-tend aussi que ce ne sera pas sans conséquence.


Je me rappelle un jour avoir dit à un ami : « ma vie, elle ne sera pas plate ».  Dit de cette façon, on sent davantage l’affirmation que le souhait et je peux dire que jusqu’à présent, ça ressemble pas mal à ça.  

Implicitement, sans vouloir être masochiste, j’ai tendance à choisir l’option la plus difficile, le chemin le moins fréquenté et à sortir des sentiers battus tant au sens propre que littéral.  Quand c’est trop simple, trop facile, routinier, c’est comme si je ne voyais pas le challenge.  C’est bien plus le fun le défi et les problèmes complexes !  
Ceci dit, les conséquences sont là.  Véro, elle est intense et pas facile à suivre, mais j’ose espérer que j’ai des qualités qui contrebalancent (!).  



Bonjour montagne
Après un divorce duquel je suis sortie écorchée, j’ai sauté à pieds joints dans un défi de montagnes de 4000 footers.  Défi qui s’est terminé l’automne dernier, clôturer par une remise récente de prix pour avoir fini les 67.  Les nombreux voyages en forêt, en camping, seule ou en groupe, avec ou sans chien ont été des occasions de calmer la douleur, de me retrouver parce que je m’étais perdue.  Ça arrive de se perdre.  C’est le philosophe Jean Grenier qui disait : « On peut voyager non pour se fuir, chose impossible, mais pour se trouver. » et c’est ce que j’ai fait.  




Les gens qui me connaissent savent que je n’ai jamais vraiment beaucoup tenu en place.  C’est pas ma faute, j’ai été élevée de même.  Avec mes parents, on se déplaçait, on déménageait et on voyageait.  Une fois que le mouvement est devenu une habitude depuis l’enfance, le concept de stabilité ou d’enracinement est difficile à inculquer.  La constance est le changement.  La constance est l’adaptation à la nouveauté.  
J’aspire quand même à une certaine sédentarité.  (Mais pas une sédentarité intellectuelle car comme chantait Loco Locass, « être sédentaire, c’est dans la tête que c’est dangereux »)
Après tout, l’idée est d’avoir de nouveaux yeux sans toutefois découvrir toujours de nouveaux endroits.
Les Cantons de l’Est m’offrent pas mal de nouveaux endroits et plein d’opportunités d’avoir de nouveaux regards sur le monde.  Et c’est tant mieux.  On aime ça.  
En plus, ô bonheur, j’ai trouvé une entreprise dont le motto est « libérés de la route »; c’était prédestiné non?



Autre vie, autres étapes
Je dis ça maintenant, 3 ans après avoir quitté ma vie d’avant.  J’aimais ma vie d’avant, la gang du travail.  IBM a été une super école.  J’ai appris beaucoup, j’ai progressé beaucoup au fil des rencontres que j’y ai faite et j’aurai toujours un peu de sang bleu dans les veines, des sourires quand je lis un article dans les journaux y faisant référence.

Seule ombre au tableau, dans cette vie se trouvait un fantôme, fantôme dont c’est l’anniversaire aujourd’hui…  Je n’ai jamais autant pleuré, autant souffert, autant été en colère qu’après ce fantôme sur lequel je n’ai jamais eu d’emprise.  Le fantôme existe toujours, mais je lui ai tourné le dos.  J’ai fait ce que je fais de mieux dans la vie ; tournée la page et recommencer.  J’ai eu des pensées sombres, je me suis sentie comme une moins que rien et plusieurs m’ont jugé quand j’ai adopté mon chien me disant que je compensais un vide affectif par mon chien, mais je dirais qu’à une époque, si ce ne fut du chien, je n’aurais pas eu de raison de me lever le matin.

Le fantôme est loin derrière et je n’ai plus de serrement de cœur quand j’y pense.
Il y a même des jours où je me demande si c’était réel tout ça.  S’il a vraiment existé.  S’il a vraiment été dans ma vie.  La réponse n’est ni blanche, ni noire.
Il existe.  J’ai travaillé avec le fantôme.  J’ai voyagé avec le fantôme.  Les expériences et les souvenirs demeurent, jusqu’à ce que d’autres souvenirs et d’autres expériences surviennent.    
Personne ne peut m’enlever ce que j’ai vécu et ce que j’ai ressenti.  Maintenant et plus que jamais c’est dans le présent que se trouve mon futur.  J’ai trop voulu faire entrer des carrés dans des cercles, aller à contre-courant et ce n’était pas naturel.  Ça ne sert à rien de vouloir être dans la vie de quelqu'un qui ne veut pas vous avoir dans la sienne.  

Une amie m’a dit un jour que j’avais à laisser mon fantôme dans le passé car personne ne pourrait trouver une place dans ma vie tant qu’il y était.  Bien sûr, cette amie avait raison (en fait, elle a toujours raison ; elle est ma grande sœur spirituelle).  
Je profitais du présent hier lors d’une course entre amis.  On était là, à manger des chips et boire de la bière et on riait.  Il faisait chaud et ce temps doux de juin constituait une belle promesse de soirées douces à venir.  Ce matin, j’ai senti le besoin de tourner la page sur mon passé et profiter de l’instant.

Ce sont des soirées comme hier, entre amies, dont j’ai besoin.

Adieu fantôme.  Merci les amis d’être là.




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