Parlons craque
Quelqu’un m’a
dit récemment qu’il ne me trouvait pas drôle.
En fait, plus précisément, il m’a dit que je me pensais drôle mais que
je ne l’étais vraiment pas. Ça m’a
beaucoup affecté. Plus que j’aurais cru
en fait et j’hésitais à réécrire car par l’écriture, je me trouve
particulièrement comique et je me fais rigoler, ce qui a un double effet
positif sur moi : le fait de rire de ce que j’écris et le fait de sourire
au souvenir de l’événement que je relate. J’ai décidé
de passer outre ce commentaire d’une personne qui ne rit déjà pas d’avance et
de penser à la satisfaction personnelle que l’écriture me procure pour
continuer le récit de mes élucubrations.
Ce qui m’amène
au sujet de l’heure : ma craque. À
ceux qui pourraient penser à diverses parties de mon anatomie possédant le
qualificatif de craque, je vais couper court aux ragots et spécifier sur ladite
craque, je parle de craque de dents ; j’ai en effet depuis le 15 mai une craque
qui grandit de jour en jour entre mes dents de devant, communément appelées « palettes »
et ce, aux suites d’une intervention chirurgicale visant l’expansion du
palais. Pour faire court, l’espace est
si grand qu’on dirait qu’il me manque 2 dents en avant : dans une semaine, l'espace atteindra 10mm plus précisément.
Je m’inflige
la souffrance des appareils dentaires et de 2 chirurgies maxillo-faciales (la
première étant passée, la seconde dans quelques mois) pour améliorer ma qualité
de vie tant au niveau respiration qu’au niveau mastication. J’aime à penser que dans une vingtaine de
mois, tout ceci sera derrière moi, que j’aurai plus de faciliter à respirer, à
dormir et à manger, mais là maintenant :
- Ça fait mal
- Ça tire et ça travaille en permanence
- Ça me donne un air haïssable avec l’énorme béance entre les dents
- Ça ne m’avantage clairement pas physiquement et sérieux, c’est aussi clair que je ne me ferai pas de chum amanchée de même. Adieu restos et sorties, allo l’estime de soi fragilisée.
En plus de
la craque, je parle comme si je mangeais en même temps et j’ai les bajoues d’un
écureuil qui fait des réserves de noix pour l’hiver.
Après 2
semaines de convalescence où j’ai surtout dormi, accompli de faire 18L de sauce
à « spag » qui m’aideront à manger mou pour un bout et siroté des
barbotines, je retournais au bureau lundi dernier.
J’ai eu
quelques réactions des collègues allant de « c’est pas si pire, on s’habitue
à t’entendre parler en écureuil » à « oh my god, as-tu eu un accident
? » en allant par « je m’habitue pas, pas capable de regarder ça »
et « donne pas de détails, j’ai mal ». Ceci dit, je me vois bien la face dans le
miroir et là, maintenant, j’ai plus le goût de brailler qu’autre chose. C’est comme si le côté rationnel avait pris
le bord et que mon côté émotionnel prenait le dessus sur tout le reste.
J’étais au
courant de la démarche et j’ai beau déjà percevoir les effets positifs sur mes
sinus (et c’est majeur comme changement, je respire enfin et je ne me mouche
plus 50 fois par jour), c’est plus fort que moi et je m’auto-flagelle d’autant
plus que je me dis : sérieux Véro, t’as pas de raison de te plaindre, tu
es en santé, tu es privilégiée par la vie et tu es super bien entourée. Dans quelques mois, ça ira déjà mieux ; mon
visage ne sera plus tuméfié, mes dents retrouveront leur place côte à côte, je
mangerai du pain à nouveau…
Voir le positif
Dans le
fonds c’est tout ce que je peux faire, voir le positif et continuer de faire ce
que je fais pour changer le mal de place parce qu’après tout, il n’y a que moi
pour changer d’attitude par rapport à la situation. J’ai pris conscience de quelques trucs ces
dernières semaines par rapport à la gestion de mes émotions :
Je ne suis
pas le Dalai Lama et même lui qui est pour moi un modèle de maîtrise de soi, il
se met en colère. Le problème, ce n’est
pas de se mettre en colère, mais de garder le piton collé sur l’émotion
négative.
Je ne
souffre pas comme Nelson Mandela qui a passé 27 ans en prison, persécuté pour
ses idées (Nelson Mandela qui avait de belles dents d'ailleurs). Je suis en pays libre et je
peux écrire des niaiseries sur les internets.
C’est pas beau ça? Alors au lieu
de garder le piton sur la tristesse, je vais écrire (et lire) des niaiseries. J’ai beau avoir eu une critique et sans doute
un paquet de jugement, quand j’écris, je me sens bien, je me sens moins seule
même si ça fait longtemps que je le suis.
Je n’accomplirai
sans doute jamais de grandes choses, mais je me dis que le bonheur se trouve
dans les petites satisfactions du quotidien, comme mes fameux 18L de sauce à
spag… Il y a quelque chose de
satisfaisant là-dedans. En même temps,
la pire personne qui fixe les attentes élevées, c’est celle qui me fixe dans le
miroir à chaque jour…
Alors chaque
jour, j’essaie de me concentrer un peu plus sur le moment présent et je dirais
que j’apprends beaucoup de mon chien sur le sujet. Comme le disait un homme dans un vidéo de
backpacking avec son chien ; en tant qu’humain, on donne quelques années de
notre vie à notre chien ; le chien de son côté, il nous donne toute sa
vie. Quand je regarde mon chien courir
en fou de malade après des chevreuils ou se rouler dans le gazon, ça me fait
sourire.
Jokes de
craque
Pour
terminer sur la craque, parce que c’est elle après tout qui m’a poussé à écrire
aujourd’hui, y’a que maintenant que je vais pouvoir faire des blagues là-dessus:
« Je
suis allée voir ton chum au bureau pour lui montrer ma craque » ->
phrase dite hier à une amie dont le conjoint travaille à la même entreprise que
moi.
« Je
ne ferai aucun commentaire, tu sais de quoi tu as l’air » -> d’un ami à
qui j’ai demandé son avis sur ladite craque.
Échange
avec une collègue :
Elle :
« Est-ce que ça fait mal? »
Moi : « Oui »
Elle :
« En tout cas, tu es courageuse de subir ça »
Moi : « On
appelle ça de l’inconscience »
Voilà. Sur ce, bonne semaine.
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