Vous avez dit « achat local »?

J'ai une certaine expertise en expérience client et mis à part que je suis une fine adepte de la consommation en ligne, j'ai développé cette expertise auprès de sommités mondiales dans le domaine.  Ce qui suit est donc un éditorial plus que mes traditionnels textes d’autodérisions.

Je trouve admirable en tant de pandémie que l’on encourage l’achat local.  Ça aura pris une telle crise humaine pour que l’on mette en place de nouvelles mesures, soit, mais pour les commerçants qui survivront la pandémie et les mois d’inactivité, c’est une bonne chose.
Je ne suis pas dans le grand Montréal mais bien en Estrie, région durement touchée en début de crise mais qui a réussi à aplatir la courbe en confinement.  Les commerçants locaux reprenaient leurs activités lundi 4 mai dernier et j’ai acheté local comme on dit.  J’ai visité le Panier bleu, nouveau site encensé par le gouvernement mais inutile s'il demeure dans l'état actuel comme une liste de commerces à la Pages jaunes.  C'est triste à dire, mais la vitrine est loin d'être au point alors pour le moment, c'est avec Google, Etsy et le moteur de recherche sur Facebook que j'ai eu le plus de succès en confinement ; je vois d'ailleurs passer des pubs sur Facebook et sur mon moteur de recherche qui mentionnent l’achat local et je me demande en sourcillant devant certaines pubs - est-ce si local que ça?  

D'un point de vue économique, j'aime penser local sauf que je mange des bananes et ce n'est pas demain la veille qu'on aura une banane québécoise.  D'un point de vue écologique, je questionne ma consommation de bananes et l'emprunte écologique de la chaîne logistique des aliments...  Je rassure ma conscience en prenant des bananes bio (j'aime les bananes alors je ne suis pas encore rendue à me passer de cet aliment).  De saison, je consomme les fruits locaux: y'a rien de meilleurs que les petits fruits québécois, le maïs à ma fête, les fruits de mer de Gaspésie et les viandes et fromages de Charlevoix et d'Estrie (opinion personnelle).  Avec les fermetures obligées des derniers mois, j'ai fait de belles découvertes : la poutine de La Fabrique, les commandes en ligne auprès des boulangeries locales et j'ai fait mes propres sushis...  En terme d'aliments locaux, je mise fort sur le local mais en hiver, pas le choix de se tourner ailleurs.




Quand je suis tombée enceinte, j'ai eu la chance de recevoir beaucoup de jouets et vêtements de maternité, de bébé et d'items en tout genre qui ont fait en sortes que je n'ai pas eu beaucoup de trucs à acheter.  Autant que possible, Marketplace est ma plateforme préférée pour acheter de seconde main.  Cependant, on ne trouve pas toujours tout de seconde main alors revenons à l'achat local dans le textile d'abord.

Prenons l'exemple d'un commerçant québécois de vêtements pour enfants qui vend des produits faits en Chine et au Bangladesh.  Je n'ai pas le sentiment d'acheter local.  Par contre, j'ai encouragé une artisane québécoise qui fait le produit main.  Sur ce cas-ci, bien que le tissu vienne de l’étranger, je me dis que j'encourage l’artisanat québécois.  

Un commerçant local vs Costco qui vend le même morceau de vêtement fait en Inde, lequel est le plus local?  Costco est bien implanté au Québec maintenant et franchement je ne suis pas prête à payer 5 fois le prix du même vêtement qui vient d’une commerçant québécois de produits étrangers.  

On a dû acheter des chaussures de sport pour toute la famille en tant de pandémie.  Encore là, rien de québécois de disponible, soyons honnêtes, mais les sites québécois d’achat en ligne ne fonctionnaient tout simplement pas pour nous dépanner.  SAIL Canada a mentionné à La Presse en avril souffrir de la fermeture des magasins, or, bien que j’ai déjà acheté en ligne avec eux, ce n’était pas possible en tant de pandémie (j’aurais accepté des délais plus longs et même d’avoir une livraison post-confinement).  J’ai donc dû me tourner vers Mountain equipment COOP), coopérative canadienne dont je suis membre depuis 2004.  Résultat: chaussures reçues dans les 48h, facilité pour suivre la commande et une politique de retour impeccable qui aurait permis de renvoyer les produits qui ne faisaient pas.  La chaussure n'est pas locale, mais c'est une entreprise canadienne à qui a profité la transaction.

Si on se demande comment ça se fait que des compagnies ont mieux passé le virage numérique que d’autres, ça passe encore une fois et toujours par l’expérience client.  Amazon l’a bien compris avec son site transactionnel qui permet en un regard de savoir le prix, la provenance, le délai de livraison sans avoir à creuser dans un site web obscur.  La force de leur expérience client est qu’ils sont parvenus à réduire à 1 seul moment de vérité l’achat d’un article.  Pas besoin de cliquer sur 3 fenêtres subséquentes pour découvrir le produit ni de « scroller down » pour obtenir des infos avant achat. 

Plus il y a de moments de vérité dans l’interaction avec le client, plus il y a de chance de se planter avec ledit client.  

Ce concept marketing présent dans les processus client de tout ordre, appliqué aux ventes en ligne est aussi l’une des façons pour les commerces québécois qui ont vitrine en ligne de tirer leur épingle du jeu.  A noter que le prix est aussi un facteur déterminant comme je disais tantôt.  Je vais payer 15$ au Costco pour le même morceau de vêtement qui vient des Indes que celui vendu 90$ dans un commerce québécois.  L’écart de prix est trop important et je ne vois pas comment il se justifie.

L’emprunte écologique globale a aussi une incidence dans mon processus décisionnel d'achat.

Durant le confinement, on a décidé de se doter d’un module de jeux extérieurs pour les enfants. Après plusieurs jours à magasiner, c’est lors d’une promenade que l’on a trouvé la perle rare; mon voisin immédiat a décidé de se débarrasser du sien car ses filles adolescentes n’en veulent plus.  En terme de proximité, on ne pouvait trouvé mieux.  En plus, c'est un achat de seconde main.  C’est ainsi que l’on est allé démonté ledit module pour le traverser dans notre cour; quelques planches ont été remplacées mais sans plus.  
On a ensuite cherché des prises d’escalades pour remplacer l’échelle pour y grimper.  Je n’ai pas eu de succès avec les compagnies québécoises; les sites en ligne en offraient mais toutes les prises venaient de Chine à des prix exorbitants.  Pas le choix quand on imagine la chaîne de distribution, de la matière première au point de vente en passant par le manufacturier et les dollars d'inventaire en entrepôt...  On aurait pu les « gosser à la main » comme on dit, mais encore là, je suis pas trop fan de DIY quand le processus s’échelonne sur plusieurs jours/semaines.  J’ai trouvé une compagnie américaine qui réutilise le plastique recyclé, le déchiquette et en fait des prises d’escalade qui ressemblent à s’y méprendre avec de la pierre.  En terme d’emprunte écologique, on peut difficilement trouvé mieux pour de telles prises d’escalade ; livraison post-confinement et prix intéressant.  Je n’ai pas acheté local au sens propre mais c’est un des achats dont je suis le plus satisfaite en temps de confinement et leur approche client était impeccable, avec un temps de réponse rapide bien que les délais sont repoussées pour une livraison en mai.  


Mes habitudes de consommation n’ont pas changé tant que ça quand j'y songe, sauf que la sensibilité aux achats, à leur provenance, à la chaîne d’approvisionnement et bien sûr, à l’expérience client, ont pris une toute nouvelle tournure dans les derniers mois.  Je pense que ce sera là pour rester.  


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