Din Tai Fung ou mon resto préféré à Taïwan

Quand on a souvent affaire à voyager dans le même pays ou en l’occurrence, dans la même ville, on finit par développer nos petites routines alimentaires.  Ça a été mon cas à une époque de ma vie entre 2010 et 2014 où j'ai fait plusieurs fois la navette Montréal-Taipei. 

L'art de manger

J'ai ainsi découvert un restaurant faisant en fait partie d'une chaîne très connue là-bas: Din Tai Fung, spécialisé dans le dumpling (boulette de pâte en français) et plus précisément encore, le Xiao Long Bao, petit baluchon de pâte avec viande de porc à l'intérieur et bouillon qui éclate dans la bouche.  En fait, on doit théoriquement percé le Xiao Long Bao avant de le mettre dans notre bouche pour faire sortir la vapeur et éviter de se brûler par la même occasion.  La carte explicative disponible à chaque table nous indique les 4 étapes pour bien déguster le précieux baluchon. avec sauce soya, gingembre, vinaigre de riz en utilisant cuillère et baguettes.




Taylorisme, quand tu nous tiens...
Pour l'ingénieure industrielle en moi, ce n'est pas que la nourriture comme telle qui vaut le coup (ou le coût) car on pourrait très bien manger des dumplings moins dispendieux à n'importe quel restaurant de trottoir.   Chaque restaurant de la chaîne offre la possibilité d'observer en vitrine la véritable usine de fabrication de dumplings.  C'est la quintessence du taylorisme  avec des tâches bien définies et bien balancées sur un sens d'organisation du travail: un préposé prépare les bouts de pâtes (en prenant soin de peser à chaque 6 bouts un morceau de pâte pour valider le poids), un autre aplatit en petites crêpes, un autre met la garniture à l'intérieur, un autre referme et finalement, dans le cas des Xiao Long Bao, un dernier exécute les replis de pâtes pour former exactement 17 replis par baluchon (pas 16, pas 18, mais bien 17).
La cuisine est immaculée.  Les cartes de contrôle de la qualité sont affichées aux murs.  L'exécution est effectuée selon un takt time ajusté en fonction de l'achalangade. 

Le contrôle de la qualité est rigoureux et on est assuré qu'à tous les coups, le goût, la saveur, la texture seront identiques.

Il faut savoir que le restaurant en tant que tel est une véritable institution à Taipei, en particulier le resto original, n'acceptant pas les réservations et toujours plein par ailleurs.  À notre arrivée, on doit s'attendre à attendre (!), pour une durée variant selon le soir de semaine.  On peut évidemment observer les experts de la boulette et choisir d'avance le menu que l'on désire consommer pour accélérer le processus. 

Je me suis donc fait un devoir d'aller dans chacun des restos de la chaîne Din Tai Fung, en ne manquant pas d'acheter occasionnellement (à chaque fois) un article promotionnel comme un aimant de frigo (!), un porte clé ou un bubble head de la mascotte du resto... Oui oui, un bubble head, item on ne peut plus utile, avouons-le.

Anecdote
Évidemment, je voyage souvent seule, mais souvent avec des collègues de travail aussi.  Aucun collègue n'a pu se dérober du passage obligé à Din Tai Fung...  Ça me rappelle la fois où j'avais un audit à faire en Asie avec un collègue qui non seulement n'avait jamais mis les pieds là, mais en plus, n'avait jamais utilisé de baguettes ni mangé de nourriture asiatique.  Lorsque je lui ai "suggéré" d'aller chez Din Tai Fung, il semblait hésiter.  (En fait, je ne pense pas que c'est tant le resto qui le faisait hésiter, mais plutôt mon regard gourmand avec la coulisse de bave au coin des lèvres qui se formait à la mention dudit restaurant).
Bref, on arrive à Taipei le samedi et je propose d'y faire un saut le dimanche.  Ce qu'on fait.  Sachant pertinemment que je n'aurai pas d'autres occasions de retourner à Taipei à court terme, je profite pleinement de ce que je crois être mon "dernier repas" à cet endroit.  Mon collègue manifeste par contre un certain intérêt pour la nourriture, ce que je perçois au départ comme du sarcasme malgré son: "Non Véro, j'aime vraiment ça".  Jeudi de la même semaine, il me demande ce que je propose pour souper et sans trop de conviction, je propose un resto de trottoir au night market. "Je suis déçu, j'aurais aimé retourner aux dumplings".  Comme mon chien heureux d'être content, j'ai sauté sur l'occasion d'y retourner une 2e fois dans la même semaine....  et une 3e fois le samedi suivant, jour du retour à Montréal.
Juste d'y repenser, j'ai la coulisse de bave qui se forme...  Des volontaires pour ouvrir une franchise à Montréal ?

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