Le train... où la fameuse fois où j'ai écourté ma vie de plusieurs années par le stress

Bon, je sais que je voulais écrire sur comment garder sa santé mentale, mais l'anecdote du train me revient toujours en tête alors voilà, c'est elle qui gagne aujourd'hui dans la longue lignée des péripéties qui me sont arrivées en voyage.

C'était en mai.  J'avais un voyage d'affaires prévu en Asie de quelques semaines pour faire une tournée de fournisseurs avec un collègue de travail et, pour faire changement et visiter, on avait décidé de passer quelques jours au Japon avant de rentrer au bureau.
Le Japon se visite en transport collectif: train, bus, taxis, bateau, calèche ou tricycle...  C'était ma première (et à ce jour, seule fois), où j'allais au Japon et en tant que touriste, il est de mise de se procurer la "Japan Rail pass" (jrpass.com) qui permet d'utiliser pratiquement tous les transports collectifs, à l'exception de train hyper-rapide, pour une fraction du prix qu'on paierait au Japon.  À noter qu'il faut prévoir le coup d'avance pour la passe et faire la demande de l'extérieur du Japon.  Une fois rendue, ce n'est pas possible.

Bref, nous arrivons au Japon à l'aéroport de Narita (Tokyo) et c'est aussi une première fois que je voyage avec ledit collègue en question en Asie, donc on se connaît plus ou moins, cependant, je connais déjà son caractère pour le moins irascible alors je me fais un devoir de ne pas le contrarier (ce que je réussis approximativement).  C'est lui qui a réserver les hôtels et organisé l'itinéraire, ce que j'apprécie au plus au point, moi qui est souvent (la plupart du temps) la GO.

On a prévu se rendre à Hiroshima dans la journée.  Le train est à 10h et il est 9h15 déjà au moment où on arrive à la gare.  (* Ce ne sont pas les heures exactes, mais qu'importe).
Mon collègue (anglophone) me dit alors: "I got to hit the loo...  Meet you downstair at the platform.", ce à quoi je réponds par l'affirmative.  9h20, je suis donc à la plateforme, le train est en gare.  Sans me poser plus de question, j'embarque.  Les portes se ferment et le train démarre...

Je me dis: "Oh non! Le train est parti sans mon collègue".  Je cherche ma place du regard, je la trouve et je m'assois, surprise de constater que quelqu'un est assis à mes côtés, au siège qui aurait dû être occupé par le collègue susmentionné.  On est au Japon et autre surprise, je me dis que ce doit être rare qu'un train parte d'avance comme ça.

Après un bon gros 5 minutes, (oui, ça a vraiment pris beaucoup de temps à l'écureuil pour computer) je réalise que c'est moi qui est dans le mauvais train.  Je ne me suis pas posée de question.  Le train était là.  C'était forcément mon train.  Je suis entrée et voilà.  Bravo Véro...

Une certaine panique s'empare finalement de moi où l'écureuil retardataire pédale pas mal vite tout d'un coup:
1- Mon collègue est à la gare, à la plateforme et doit vraiment se demander où je suis.
2- Je suis au Japon, sans cellulaire, sans savoir la destination du train dans lequel je suis et sans savoir à quel hôtel je dois me rendre.

Plusieurs options défilent dans ma tête:
1- Sortir à la prochaine station, trouver un nouveau train qui me ramène à la gare initiale, retourner à la plateforme voir mon collègue et prétexter des troubles gastriques quelconque expliquant mon absence de plusieurs dizaines de minutes... 
2- Sortir à la prochaine station, espérer secrètement que mon train passe par là et prendre le train.

Évidemment, l'option 1 est rapidement mise de côté dans mon esprit par manque de temps.  Après tout, je ne suis pas convaincue de pouvoir revenir à temps à la gare initiale pour pouvoir reprendre mon train.  Je choisis donc l'option 2, en espérant (oui, les espoirs sont un aspect important de ma vie) que mon collègue est dans le train, que le train va effectivement arrêter à la même station et que je suis juste chanceuse naturellement donc, que tout va se passer comme dans ma tête.

Après quelques minutes, le train arrête, je sors, un peu gênée par tout ça et j'aboutis sur un quai où on ne voit absolument aucun écriteau en anglais.  Les numéros trains ne sont pas affichées, je ne parle pas japonais et je pars à la recherche d'un personnage quelconque en uniforme qui pourra m'aider.  Je tombe sur ce que je crois être un chef de gare et le type me dit en japonais plein de mots que je ne comprends pas alors "I smile and nod".  Je n'ai évidemment rien compris, mais je me dis que mon train va arriver.  1, 2, 3, 4 trains passent ; aucun signe du mien.  Je repère finalement un minuscule panneau indicateur où les numéros des 2 prochains trains s'affichent.  5e train, toujours pas le mien, mais le panneau d'affichage s'ajuste et je vois soudain que mon train va arriver!  Yé!
Bon, une fois ce premier bref moment d'excitation passé, je me mets à angoisser par rapport à la réaction de mon collègue dans toute cette histoire.  Lui, son hamster, ne réagit pas comme le mien et il a pu y avoir beaucoup d'options qui lui sont passées par la tête:
1- "Where the hell is she? She got kidnapped. Maybe I should reach a police officer and search for her.  "
2- "She may be sick somewhere"
3- "Unlikely, she took the wrong train"
Dans tous les cas, il peut décider de prendre ou ne pas prendre le train.  That is the question.

Il décide de prendre le train en se disant qu'il a pas tout organiser ce voyage pour ne pas en profiter.
Il n'a pas plus de cellulaire en passant.

Bon, maintenant que mon choix et celui de mon collègue sont faits, il reste l'attente.  Une attente interminable durant laquelle j'envisage tous les scénarios sur la réaction à venir de mon collègue.  De nature colérique, comme je mentionnais plus haut, je m'attends à une réaction qui va dans ce sens.  J'essaie donc mentalement de me conditionner à avoir un air détaché et nonchalant.  "Be cool.", me dis-je.  Je me répète cette phrase jusqu'au moment où le train entre en gare.  Les portes ouvrent, j'entre et je reconnais la casquette de mon collègue qui est dos à moi.  Je m'approche, toujours en me disant de rester calme et je le vois.  Le sentiment de joie est immense à cet instant et le "be cool" a pris le bord car je suis juste très très contente de l'avoir retrouvé. 

Je n'ai finalement pas eu de réaction de colère de sa part.  À quelque part, je pense qu'il était un peu soulagé quand même.  "Where the hell were you?"...




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